Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Travaux artistique de Stéphane Pruvot de 2016 à 2019
2 juillet 2017

"RETOUR" texte de Pascal Dandois que j'ai illutré (juillet 2017)

RETOUR

Même si de prime abord, on pourrait penser, étant donnée cette épave de bateau, comme échouée là depuis excessivement longtemps (mais peut-être devrai-je dire « cadavre » au lieu d’ « épave », tant ces lieux désolés avaient tout de l’endroit mort) même si on pourrait penser, disais-je, qu’il s’agit d’une plage, et les sables dont étaient partiellement recouverts les restes du navire pouvaient en être la preuve, cependant, certainement que cette terre était plus proche d’un désert que d’une côte.

J’ai parlé précédemment « d’épave », voire, de « cadavre », mais il serait sans doute plus judicieux de dire « squelette », vus que ces choses, ces résidus un peu éparses d’embarcation maritime oubliée relevaient en fait plutôt du « fossile ».

Pour autant, un jour, l’endroit ne resta pas stérile, cessa d’être asséché. Car bientôt, comme s’il eut agi d’une marée éloignée à des milliers de kilomètres, restée basse depuis la nuit des temps et revenant enfin, l’eau fit son retour. C’était peut-être une marée basse consécutive de l’arrivée d’un astre, d’une lune lointaine, venue accomplir depuis les fins fonds du cosmos son œuvre d’attraction immémoriale à la suite de révolutions planétaires exceptionnelles.

Bref, la Mer, voire l’Océan revint sur ces étendus désolés et sinistres. Et non seulement il ressuscita le sol sec, mais aussi, ses habitants morts, telle notre épave. Le bateau mort renaquit, se régénéra comme un organisme vivant. Ses pièces, ses éléments, sa structure ; sa coque, son pont, sa poupe, sa proue, ses mats… se rassemblèrent et se ressoudèrent comme sous l’effet d’une cicatrisation inexplicable, les voiles repoussèrent comme de la peau, ou comme si le film de sa décomposition se rejouait à l’envers, ou comme s’il avait été agi d’un énorme cétacé, ou d’un poisson par exemple, qui revenait à la vie et dont les chairs animales repoussaient sur l’armature, sur les arêtes.

De vie il était bien question car non seulement le navire s’était reconstitué voire même réhydraté au fur et à mesure que la mer regagnait du terrain pour qu’il s’y remette à flotter, à y naviguer, mais bientôt, avec, ce fut tout son équipage qui réapparut comme venu de nulle-part ou comme surgissant des fonds des cales du navire qui s’étaient elles aussi remplies de vies, des hommes qui après avoir dormi pendant des siècles et de millénaires, surgirent en criant pour s’emparer des cordages , des voiles, du gouvernail… des marins, des aventuriers, de véritables argonautes en nombre prêts à nouveau à en découdre avec les embruns, et le destin…

PASCAL DANDOIS

illustration bateau1

 

Publicité
Commentaires
Travaux artistique de Stéphane Pruvot de 2016 à 2019
Publicité
Pages
Derniers commentaires
Travaux artistique de Stéphane Pruvot de 2016 à 2019
Archives
Publicité